Une démocratie dans l'entre-deux guerres

Questionnaire.

1- Qu'est-ce que la crise de 1929 ? (De quelle pays part-elle, pour quelle raison, comment les pays européens sont-ils touchés ?.. Explique le sens de 'grande dépression', spéculation, surproduction, inflation, faillites, krach boursier …) maximum 10 lignes.

2- Combien de gouvernements la France a-t-elle eue de 1918 à 1939 ? Explique instabilité gouvernementale et anti-parlementarisme (En classe).

3- Qu'appelle-t-on affaire Stavisky ? Qui est-ce ? Qu'a-t-il fait ? Comment est-il mort ? De quoi l'accuse-t-on ? Est-il seul accusé ? Que déclenche à Paris le scandale lié à sa mort ? maximum 5 lignes.

4- Qu'appelle-t-on les Ligues en France pendant l'entre-deux-Guerres ? Qui sont les 'Croix de Feu' ? maximum 5 lignes.

5- Que s'est-il passé à Paris le 6 février 1934 ? (qui, pourquoi, comment, où..?) maximum 5 lignes.

6- Quels modèles politiques étrangers peuvent séduire les Français dans les années 1930 ? (réflexion)

Ressources pour la première question — La crise de 1929 ou "Grande Dépression".

24 octobre 1929 : Krach à Wall Street

Depuis des années, la bourse de New York semblait connaître une croissance indéfinie grâce au dynamisme de l'économie d'après-guerre. Les Américains avaient pris l'habitude de placer leurs économies en achetant des actions, pensant revendre celles-ci plus cher ensuite et s'enrichir. Beaucoup achetaient même à crédit pour doper leurs bénéfices. Cependant, en 1929, les résultats des entreprises se dégradent, la production automobile baisse ainsi que les revenus agricoles et la construction de logement fléchit. La surproduction entraine une chute des prix, des bénéfices et des revenus. Ayant besoin de retrouver des fonds, les investisseurs doivent, tous et au même moment, revendre leurs actions en bourse.

Le 24 octobre 1929 (surnommé le "Jeudi noir"), à la Bourse de Wall Street, treize millions d'actions sont à vendre mais faute d'acheteurs, les cours s'effondrent. La panique se généralise, le Dow Jones (indice regroupant les trente plus grandes sociétés) perd 22,6% en quelques heures, des milliers d'investisseurs se retrouvent ruinés. Au total, environ huit milliards de dollars de l'époque disparaissent durant cette seule journée. La Bourse s'effondre de 30% en octobre et de 50% en novembre. Le krach du "Jeudi noir" met fin de ces années de spéculation.

Crise mondiale et chômage de masse

La crise touche de plein fouet l'Europe car les banques américaines, qui ont aussi besoin de retrouver leurs fonds, réclament le remboursement immédiat des prêts consentis à l'Allemagne et l'Autriche pour la

reconstruction d'après-guerre. Cette crise devient alors internationale, la plus grave qu'ait connu l'économie capitaliste. Au printemps 1930, la récession s'installe aux États-Unis, entraînant chute de la production, faillites et chômage massif. La production industrielle baisse de moitié de 1929 à 1932 et le taux de chômage bondit de 3,1% à 24%. En mars 1933, la moitié de la population active du pays est sans-emploi, soit quinze millions de personnes.

En France, la production industrielle, sur une base 100 en 1929 tombe à 89 en 1932 et ne retrouvera son niveau qu'en 1939. Le nombre de chômeurs passe de 12.000 fin 1930 à près de 340.000 en 1934.
La situation est pire en Angleterre et surtout en Allemagne où les banques américaines avaient plus d'influence.

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Spéculation: Achat et revente en vue de tirer profit par la simple évolution du prix.

Bourse: lieu où les entreprises trouvent des investisseurs pour financer leurs projets et où les investisseurs placent leur fonds.

Croissance économique: hausse de la production, des commandes, des salaires et de l'emploi. (≠ crise éco, récession...)

Actions: parts d'une société possédée par un investisseur, qui peut l'acheter, la garder ou la revendre.

Surproduction: production supérieure aux capacités de consommation.

Fonds: somme d'argent (syn. capital disponible en banque).

Investisseur: organisme chargé d'investissir des fonds.

Ressource pour la deuxième question — L'instabilité de la IIIè République

La IIIè République était une république parlementaire. Instituée après le Second Empire et la défaite contre la Prusse en 1870, son organisation donne le pouvoir au Parlement qui désigne le chef du gouvernement appelé Président du Conseil. Le Président de la République est désigné également par les parlementaires ( il n'est pas élu par les Français eux-mêmes) et n'a pas beaucoup de pouvoir afin d'éviter le retour à une sorte de monarque.

Le pouvoir est donc réellement détenu par les députés au Parlement, et donc par les partis politiques, notamment le Parti radical au centre-gauche. Par ses alliances, soit avec la gauche, soit avec le centre droit, ce parti est la clef de la plupart des gouvernements.

Cependant, avec les crises, l'alternance politique qui est souhaitable se transforme en instabilité gouvernementale. Le personnel politique est vite accusé d'être incompétent, voire profiteur et corrompu... C'est pourquoi de nombreux Français se tournent vers des partis plus extrêmes dans le courant des années 1930 : à gauche la SFIO puis le PCF qui prend modèle sur le régime soviétique ; à droite les Ligues qui prennent modèle sur les régimes fasciste (Italie) et nazi (Allemagne). Ces deux extrêmes sont, à leur manière, anti-parlementaires puisqu'elles veulent diminuer ou supprimer le Parlement.

Clique sur la bande à droite du texte pour compter le nombre de gouvernements

Les colonnes répertorient les différents gouvernements,
avec le nom du Président du Conseil (chef du gouvernement)
avec leur date de début et de fin,
avec le nom du parti et de l'alliance politique.

La colonne de droite correspond aux différents Présidents de la république.

Les couleurs marquent la tendance politque: rouge, rose, orange à gauche; bleu à droite.

Ressources pour la troisième question — L'affaire Stavisky

Les faits

Le 23 décembre 1933, le directeur du Crédit municipal de Bayonne, Gustave Tissier, est arrêté pour fraude. Grâce à lui et à la complicité du député-maire de Bayonne, Dominique-Joseph Garat, Alexandre Stavisky a détourné plus de deux cents millions de francs.

 

Amitiés, intérêts, complicités...

L'enquête est menée rapidement par Albert Prince, chef de la section financière du parquet de Paris. Il établit les nombreuses amitiés entretenues par l'escroc dans les milieux de la police, de la presse et de la justice : le député Gaston Bonnaure, le sénateur René Renoult, le ministre des Colonies Albert Dalimier, les directeurs de journaux Dubarry et Aymard ont tous profité de sa fortune en échange de leur appui...

 

Beaucoup de personnalités semblent compromises. Quand la police le retrouve dans un chalet de Chamonix, le 8 janvier 1934, avec deux balles dans la tête, chacun comprend que l'on a cherché à l'empêcher de parler.

L'affaire éclabousse jusqu'au sommet de l'État puisque le procureur général Pressard qui aurait protégé Stavisky est le beau-frère du Président du Conseil, Camille Chautemps. Celui-ci démissionne et le radical Édouard Daladier le remplace fin janvier, pour huit jours.

 

Caricature à propos de la découverte des restes du corps du juge Prince, découverts sur une voie ferrée près de Dijon le 20 février 1934.

Les conséquences de l'affaire

En révélant que Stavisky avait déjà été poursuivi par la justice dix-neuf fois, et toujours protégé par des ministres ou des parlementaires corrompus, l'affaire déclenche un scandale politique. Les adversaires du gouvernement affirment que cette mort profite le plus aux radicaux comme le président du Conseil Chautemps.
L'antiparlementarisme, qui s'est nourri de scandales précédents (affaire Hanau, affaire Oustric), se déchaîne et aboutit à l'émeute du 6 février 1934.


La République est de plus en plus contestée. La découverte du corps d'Albert Prince, déchiqueté par un train près de Dijon le 20 février 1934, ne fait que renforcer la polémique d'autant que les dossiers qu'il avait en sa possession furent tous volés.

Ressources pour la quatrième question — Les Ligues

Les ligues de l'entre-deux-guerres sont des organisations politiques nationalistes et hostiles à la république parlementaire. Classées à l'extrême droite, elles sont souvent antisémites et anti-bolcheviques. Certaines sont monarchistes d'autres ont pour modèle le régime fasciste italien.

L'apparition des ligues

Les ligues sont initialement des associations d'anciens combattants de la Grande Guerre, parfois pacifistes.
Plusieurs facteurs expliquent le succès de ces organisations: les transformations de la société, la déception des anciens combattants, l'hostilité envers les partis de gauche qui ont imposé la laïcité ou qui suivent le modèle bolchevique, la xénophobie au moment où de nombreux immigrés arrivent en France et suite aux assassinats où des étrangers sont mêlés (assassinat de Paul Doumer en 1932, Louis Barthou en 1934, Frères Rosseli en 1937...).

Des membres de Solidarité française défilant aux obsèques d’un des leurs, Lucien Gariel, blessé lors de l’émeute du 6 février 1934 et qui a succombé à ses blessures en novembre.

Liste des principales ligues

    • En 1898, l'Action française, monarchiste et anti-dreyfusarde, est créée, à laquelle s'associe rapidement Charles Maurras. Elle sera complétée en 1905 par la Ligue d'Action française.
    • En 1908, les Camelots du roi deviennent la branche militante de l'Action française.
    • En décembre 1924, les Jeunesses patriotes sont créées. Leur objectif est le renforcement du pouvoir exécutif et la «protection des institutions contre la gauche». Les Jeunesses patriotes adoptent des rituels inspirés du fascisme italien (défilés militaires et saluts «à la romaine») mais sont finalement plus fascistes dans leurs rituels que dans leur programme.
    • En 1925, le Général Édouard de Castelnau fonde la Fédération nationale catholique, en réponse à l'action du Cartel des Gauches jugée anti-religieuse.
    • En 1927, l'agriculteur Henri Dorgères fonde les Comités de défense paysanne aussi appelés les « chemises vertes ».
    • Le 11 novembre 1925, « Le Faisceau », est créé par Georges Valois, ancien anarchiste, royaliste. Il se revendique ouvertement du modèle fasciste mussolinien et entend faire la synthèse du nationalisme et du socialisme : instaurer une dictature nationale au-dessus de toutes les classes sociales, dirigée par un chef.
    • En 1927, les Croix-de-feu, organisation d'anciens combattants décorés au combat, est créée. En 1931, le recrutement s'ouvre également aux fils de ces derniers. Le colonel François de La Rocque en devient le président en 1931. Cette ligue se distingue de certaines par son respect de la République et son refus du fascisme. En 1936, elle devient le Parti social français qui va évoluer vers le centre droit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Réunion de membres des Francistes, ligue puis parti d'extrême droite.

Conséquences politiques

Lors du 6 février 1934, ces ligues manifestent avec plus ou moins de vigueur. Leur véhémence amène plus tard les partis de gauche à s'unir en un « Front populaire » qui remporte les élections de 1936.
À droite, de nombreux catholiques sont choqués par l'Action française qui est condamnée par la Pape en 1926 et rejoignent les partis de droite plus modérés. Le suicide en 1936 de Roger Salengro gravement et injustement diffamé par le journal Gringoire proche de l'Action française choque encore plus l'opinion.
Plus tard, les ligues furent dissoutes en application de la loi du 10 janvier 1936 votée sous le gouvernement Pierre Laval. L'Action française est interdite peu après l'agression dont Blum fut victime en février. Les autres le furent en juin par le gouvernement Blum de « Front populaire ».
À la fin des années 1930, la vie politique française marque donc de plus en plus une division entre « anti-fascistes » à gauche et « anti-communistes » à droite. Les partis centristes qui exerçaient le pouvoir depuis des décennies sont fragilisés, ainsi que la démocratie, sous l'effet des modèles des dictatures européennes de l'époque.

Défilé des Croix-de-Feu le 14 juillet 1935 sur les Champs-Élysées.

Ressources pour la cinquième question — Le 6 février 1934

Le 6 février 1934, une manifestation est organisée à Paris devant la Chambre des députés par des associations d'anciens combattants et des ligues d’extrême droite pour protester contre le limogeage du préfet de police Jean Chiappe à la suite de l'affaire Stavisky.

La manifestation tourne à l'émeute sur la place de la Concorde, faisant au minimum 15 morts, 31 si l'on compte les décès ultérieurs, et plus de 2.000 blessés.

La crise provoque dès le lendemain la chute du second gouvernement Daladier et exerce une influence profonde et durable sur la vie politique française.

Chronologie des faits :

Un mois de manifestations et de violences croissantes.

23 décembre 1933 : arrestation du directeur du Crédit municipal de Bayonne
Instruction de l'affaire par le Conseiller Prince
Mise en examen de plusieurs députés, hommes d'affaires, ministres...

7 janvier 1934  : l'Action française appelle à manifester devant l'Assemblée nationale qui reprend ses débats, le slogan est « À bas les voleurs ! ».

8 janvier : Stavisky retrouvé mort à Chamonix.

9 janvier : manifestation de l'Action française, le slogan est « À bas les voleurs, à bas les assassins ! ».

11 janvier : nouvelles arrestations, de deux directeurs de journaux. Nouvelles manifestation de l'action française rejoint par les Jeunesses patriotes.

12 janvier : le Président du Conseil refuse de créer une commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Stavisky.

19-20 janvier : nouvelles manifestations

27 janvier : manifestations des communistes qui réclament les soviets et chantent l'Internationale.

28 janvier : démission du gouvernement Chautemps

30 janvier : formation du gouvernement Daladier, avec les partis de gauche.

Le détonateur et la journée :

3 février : mutation du préfet de police Chiappe, hostile à la gauche.

6 février : manifestations devant la chambre des députés contre le nouveau gouvernement.
Arrivée d'environ 50.000 manifestants des différentes Ligues ainsi que de l'UNC (organisation d'Anciens Combattants, classée à droite) et de l'ARAC (idem, mais proche du parti communiste).
Place des Invalides, le colonel de la Rocque demande aux Croix de Feu de se disperser, refusant de faire un coup d'État.
Certains se regroupent avec les autres Ligues sur la place de la Concorde et autour. De véritables combats de rue s'engagent.

Conséquences immédiates :

7 février : démission du gouvernement Daladier (gauche)

9 février : formation du gouvernement Doumergue (centre droit)

Le projet de l'un des ministres, André Tardieu, est de réformer les institutions pour avoir un exécutif plus fort, un parlement (législatif) plus faible et limiter l'instabilité gouvernementale.
Pétain, pour la première fois ministre.

Conséquences ultérieures.

9 février : manifestation des communistes

12 février : manifestation conjointe des communistes et des socialistes, dénonçant dans le 6 février une tentative de coup d'État fasciste.

Puis, création d'un « Front populaire » rassemblant Radicaux, Socialistes et Communistes, en vue des élection de 1936, qu'ils gagneront.

 

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